Le code, tel est le thème de l’édition 2022 du concours de nouvelles des bibliothèques universitaires, en écho au bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion.

La remise des prix a eu  lieu jeudi 17 mars à 17h30, dans le hall du bâtiment multimedia (campus Albi), en présence de Clément Bur, parrain du jury et organisateur des événements du bicentenaire Champollion. Eva Raynal, membre du jury, enseignante en Lettres était aussi présente.

12 participants, étudiants ou personnels Champollion, ont écrit une nouvelle.  Clément Bur souligne la bonne qualité générale d'écriture, et le plaisir de lecture apporté par ces textes. Ambiances SF, fantasy et polar au rendez-vous !

Le jury a attribué deux prix.

1er prix  : Auto codé,  écrit par Lucie BOUVARD, étudiante en L2 anglais.     Lot : une liseuse.

2e prixBoole = 0, une nouvelle de Benoît VALERY, personnel Champollion (EA SCOTE). Le lauréat a reçu un bon d'achat à la librairie Clair-Obscur.

Les 10 autres participants ont aussi reçu des bons d'achats en librairie et des goodies "bicentenaire Champollion".

Composition du jury : Clément Bur (enseignant - Histoire), parrain du jury, Aurore Bissières (enseignante - Anglais) , Stéphanie Lebreton (Musée Champollion), Cathy Pons-Lelardeux (chef de projet Informatique), Eva Raynal (enseignante - Lettres), Bruno Valat (enseignant - Histoire), Nathalie Verdier (DAF, Rodez), Delphine Vie (DAF, Castres)

A l'accueil de la BU d'Albi, venez découvrir l'espace dédié au concours de nouvelles. A disposition, les textes des 2 lauréats. Les 1ères pages des autres nouvelles sont mises en avant.

 

Voici les 12 nouvelles qui étaient en lice.

 

Début de la nouvelle

Courbée, la percée lumineuse éclaboussait son regard, cette feuille et ses lèvres gercées par le vent. Je la regardais survoler frénétiquement la lettre que l’on m’avait missionnée d’apporter. Elle tournait et retournait les pages jusqu’à ce qu’elle esquisse un sourire sec. Mais j’avais à peine ouvert la bouche qu’elle avait déjà levé son bras pour me faire taire. On m’avait prévenu, dans le nord les mots ont tendance à se perdre aux caprices des bourrasques.

Lien vers la nouvelle

Début de la nouvelle

L’homme rentre tranquillement chez lui. C’est le soir, il a un sac de courses rempli à la main. Sa cicatrice à la joue le fait souffrir ces derniers temps, mais pas au point de l’empêcher de profiter de la fraicheur agréable du soir. Cependant, arrivé en bas de son immeuble, il déchante. Plusieurs voitures de flic sont garées devant chez lui.

Lien vers la nouvelle

PREMIER PRIX AU CONCOURS

Début de la nouvelle

C’était quoi le code déjà ? Vincent regardait les chiffres avec hésitation, sa main tendue vers le clavier numérique gris encastré dans le mur. Les pensées dans sa tête se bousculaient, courant et s’agitant dans tous les sens à la recherche du code. Il était là quelque part, mais où ? Il y avait tellement de codes à retenir. Celui de son téléphone, celui de sa carte bancaire, sans parler des toutes ces dates d’anniversaire et mots de passe qu’il ne fallait pas oublier. Les chiffres n’avaient plus de valeur tant ils étaient utilisés à outrance.

Lien vers la nouvelle

 

" Auto codé, c’est une courte histoire de fiction en trois temps. Le personnage principal, un type anodin prénommé Vincent, cherche à se souvenir d’un code. Cependant sa situation, elle, n’est pas anodine.

Vincent doit se dépêcher de se rappeler de ce code qui semble lui glisser entre les doigts. Il doit faire confiance à sa mémoire et parvenir à maîtriser son angoisse avant qu'il ne soit trop tard."

Début de la nouvelle

4 Mai 2023, désert de Virginie, Etats-Unis.
La botte frappa le sol granuleux, faisant trembler les petits cailloux qui glissèrent en contre-bas. De grosses gouttes de sueurs perlaient sur son front frappé par de trop rares et maigres rafales de vent. Sa gorge était asséchée à cause l’air brulant, chauffé à blanc par un soleil brillant de mille feux.

Lien vers la nouvelle

 

Début de la nouvelle

Demain je me tuerais. J’en ai la ferme certitude, je quitterai ce monde à l’aube, emportant avec moi le secret du manuscrit de Wojnag. J’ai vite compris qu’il faudrait que je meure, et cela m’apparaissait maintenant comme une évidence. Dès lors que j’avais entrepris de déchiffrer l’impénétrable ouvrage, il m’entrainait inéluctablement vers une fatalité que je ne pouvais duper. Je vais disparaître, et une fois la nuit passée, il ne restera rien, ni de moi, ni du manuscrit.

Lien vers la nouvelle

 

Début de la nouvelle

Aujourd’hui, nous sommes le 4 avril 2024, nous devons faire face à la pandémie du covid20… Pour se faire, le gouvernement n’a pas trouvé d’autres solutions que de nous confiner. Cela fait maintenant 3 mois que je ne suis pas sortie de mon appartement de 20m2 dans le centre-ville d’Albi. Les restrictions évoluent de pire en pire, nous n’avons plus le droit de mettre le nez dehors, nous sommes fournis en nourriture par des robots.

Lien vers la nouvelle

 

Début de la nouvelle

Rosalind Franklin terminait sa longue journée de travail. Assise devant sa paillasse, elle se frotta les yeux de fatigue. La pendule du laboratoire allait sonner 22h. Comme toujours, elle n’avait pas vu le temps passer : ses travaux de recherches au King's College absorbaient toute son énergie. Au-delà des multitudes de papiers qui s’étendaient dans la pièce, la fenêtre en face d’elle donnait sur la ville de Londres endormie. Il lui fallait pourtant écrire ses dernières notes de la journée, qui avait été riche en émotions.

Lien vers la nouvelle

 

Début de la nouvelle

-« Que fais-tu ici ? »
Je suis si heureux, j’allais entrer dans cette grotte et trouver le code, je serais sûrement devenu riche et probablement célèbre j’aurais pu offrir à Caroline tout ce qu’elle voulait, tout ce dont elle rêvait. Cependant trouver le code avec elle est encore mieux j’aurais voulu qu’elle m’accompagne, mais cela était difficile après ce qui s’était produit. Je ne m’y attendais pas, elle est là. Elle m’a suivi, pourtant je n’ai parlé à personne de mon expédition.

Lien vers la nouvelle

 

Début de la nouvelle

Il est vingt-et-une heures quarante. Miléna assise dans le tram écoute les palpitations effrénées de son coeur. Peu à peu sa respiration reprend son rythme ordinaire. « Quelle course ! » pense-t-elle. À peine sortie du travail, elle était allée à son cours de badminton. Puis après une séance plutôt exténuante, elle s'était préparée en express dans les sanitaires du gymnase pour se rendre à son date du soir. Là, c’est le moment qu’elle préfère. Assise dans le tramway, sachant que quelqu’un l’attend quelque part car elle est en retard. Elle peut, tranquillement sortir son téléphone pour parcourir le profil de son date.

Lien vers la nouvelle

Deuxième prix au concours

Début de la nouvelle

« Ils ont annulé Georges Boole de l’Histoire ! » Le journaliste vient de s’étrangler comme une poule sous la saignée. Ils ont annulé Georges Boole de l’Histoire ! Et pourquoi ? Pour une malheureuse faute de frappe, que très vite on baptisa la Faute. Au départ, c’est Georges Noole qui devait être annulé : il était question, pour le ministre du Passé, d’« annihiler le plus grand penseur terroriste contemporain ». En clair, le faire oublier, lui, sa personne, son héritage, supprimer la ramification Noole de l’arbre de l’Histoire et balayer les feuilles mortes. Mais le progrès n’avait pas donné à l’agent en charge de la révision, mieux qu’un clavier et dix doigts pour taper dessus. Alors son index terrifiant fit cette erreur humaine : d’annuler Georges Boole.

Lien vers la nouvelle

"Je cherche la façon la plus efficace de décrire et dénoncer le pouvoir de l'ordinateur, du numérique. Ce pouvoir, qui est au cœur de nos vies (privées et professionnelles), il est, je crois, dissimulé. Pourquoi ? Parce qu'en général, l'informatique (son vocabulaire, ses techniques), sont utilisés pour décrire d'autres domaines. On voit par exemple le cerveau *comme un* ordinateur. En bref, l'ordinateur est souvent ce à quoi l'on compare quelque-chose, plutôt que ce que l'on cherche à comprendre en lui-même. Pour cette raison là, l'informatique est difficile à analyser, et souvent est au-dessus de tout soupçon. Pourtant l'informatique ne laisse pas de produire ses effets.

L'idée de la nouvelle, c'est de renverser cette logique. Mon avis est que la meilleure façon de décrire l'informatique, de donner à voir sa nature, c'est, d'un même mouvement, l'annuler (faire comme s'il n'existait pas) tout en cherchant son équivalent dans un monde débarrassé de lui. Montrer ce qu'il faudrait faire pour faire ce que fait l'ordinateur, si nous ne l'avions pas, je pense que c'est la meilleure façon de comprendre ce qu'il est. Google qui vide la BU, l'administration qui devient le serveur où sont stockés les communications de tous, la DSIUN qui achemine à la main les messages : la circulation de l'information devient visible et d'autant plus oppressante."

Début de la nouvelle

De la roche humide et du vent iodé. Des allées pavées interminables. Un silence pesant amplifié par l’écho de nos pas. Puis, enfin, ma cellule.
Le garde me poussa contre un mur et m’enleva les menottes arcaniques. Il me tint en respect encore un instant par plaisir, puis me balança un coup dans les jambes et s’en alla. Le verrou de la porte cliqueta derrière moi et je laissai échapper un soupir.
Il semblait que j’avais atteint ma dernière demeure… Naturellement, il n’y avait pas eu de procès. Je n’avais rien fait pour mériter ça, mais le simple fait d’être un Reynar suffisait à justifier mon emprisonnement. Quand on est de ma race, on ne peut compter sur personne.
- Salut, le nouveau, s’exclama une voix chantante et féminine au-dessus de ma tête.

Lien vers la nouvelle

 

Début de la nouvelle

Elle s’était réveillée en sursaut. Comme toujours, sa nuit s’était révélée agitée. Si elle n’était pas dérangée par les morts, c’était ce fichu rêve qui la tourmentait. Pourquoi ne pouvait-elle pas passer une nuit convenable ? Lorsqu’elle commençait enfin à se sentir en sécurité, ces mêmes voix raisonnaient dans son crâne, la sortant du précieux sommeil
dans lequel elle venait tout juste de sombrer. C’était éreintant. Comment réussir à survivre dans de telles conditions ? Tous les matins, elle se réveillait avec la même fatigue, des cernes sous les yeux, seule et tendue comme jamais. Elle était seule depuis si longtemps qu’elle en avait oublié ce que c’était de parler avec une autre personne.

Lien vers la nouvelle

 

En savoir plus sur le programme du bicentenaire Champollion, à l'INUC :

https://www.univ-jfc.fr/actu/code-champollion-le-bicentenaire-du-dechiffrement-des-hieroglyphes

Ce concours de nouvelles est proposé par le Service Commun de la Documentation. Equipe de suivi : Camille Bertin, Florence Lunardi, Gaëlle Jan, Rémy Ginestet, Claire Tirefort.

Un événement en partenariat avec la librairie Clair-Obscur.

Remerciements aux membres du jury  et au service Communication de Champollion.

 

Lucie Bouvard reçoit le 1er prix
Lucie Bouvard reçoit le 1er prix

 

Benoît Valérie, avec Eva Raynal et Clément Bur
Benoît Valéry, avec Eva Raynal et Clément Bur